En général, je ne me livre pas à l’exercice qui consiste à encenser les membres de ma famille pour leurs réalisations qui me semblent hors du commun.
Ma première attitude serait celle de retrait, de me dire « cela ne se fait pas » et donc de me rendre coupable d’une double erreur : celle qui consiste à me refuser le droit d’être sincèrement heureux et l’autre – beaucoup plus grave à mon avis car elle constitue un « dommage collatéral » – de ne pas insuffler de l’énergie positive à la personne faisant l’objet de mon admiration pour tel fait ou tel acte. L’énergie positive du respect, de la gratitude et de l’amour qui aide tout un chacun.
Se refuser ainsi de se réjouir pour l’Autre est une erreur. Majeure. Il faut savoir reconnaître le plus objectivement possible ce qui a été « bien fait » et féliciter celui ou celle qui en sont l’auteur ou le créateur. Comme tout dans la vie, il faut ne pas tomber dans l’excès : faire des louanges pour n’importe quel truc est préjudiciable car cela fausse la réalité des choses et induit chez l’Autre une fausse impression de confiance et de maîtrise du sujet qui lui faudra payer cher, tôt ou tard. De même, préférer une attitude confinant à l’indifférence est éminemment destructeur, surtout lorsqu’on élève un enfant. C’est la même chose pour la personne qui fait l’objet de votre amour ou de votre amitié. Il faut donc trouver l’équilibre subtil que nous indique notre conscience et surtout les réactions de l’Autre, c’est le meilleur « thermomètre » ou indicateur en la matière, qui permet de calibrer notre attitude et de nous « aligner », comme le dit Cristina.
Cette introduction peut vous paraître un peu longue et pénible, mais cette précaution scripturale m’a paru nécessaire dans le cas précis qui fait l’objet de cet article, c’est-à-dire la parution du dernier livre de Cristina, ma femme. En effet, je ne peux pas être le plus « objectif » en ce qui concerne le travail de celle qui partage ma vie, mes joies et mes peines, non ? C’est du moins ce que dit la sagesse populaire et la loi dans certains cas.
Et pourtant, je voudrais vous dire qu’objectivement – c’est-à-dire après analyse et critique de son travail – je suis très impressionné par le résultat. À tel point que je vais m’en faire un de mes livres de chevet : ceux que je relis de temps en temps pour me replonger l’esprit dans un univers rassurant qui m’offre des repères et m’aide à aller de l’avant. Rien que ça. Et pas parce que c’est ma femme, en effet ses romans précédents me plaisent, mais n’ont pas la clarté, la force et la puissance de ce dernier opus qui pour elle fut une révolution en matière d’écriture et surtout d’exposition – de « vulgarisation » – de sa pensée.
Pour tout vous dire, j’ai VOULU que ce premier « guide pratique » des « chemins vers soi-même » voie le jour, je suis son « papa ». Mais comme toute grossesse, ce sont les mamans qui font tout le « travail », alors tout le mérite lui revient !!
Je vis aux côtés de Cristina depuis ses vingt ans, je la connais depuis qu’elle en avait dix-sept et qu’elle était une adolescente « anguleuse » et difficile à aborder : exigeante et « dure ». Mais quelque chose m’attirait puissamment en elle – en dehors du fait que c’est une très belle femme – une sorte de volonté profonde, sourde, fascinante, qui « suintait » d’elle et me poussait à continuer avec elle en dépit de tous les « problèmes » que cette relation naissante allait causer et que nous avons affrontés à deux.
Je l’ai vue se métamorphoser en étudiante devant affronter le système français si différent de celui de son pays, en jeune épouse devant lutter contre mes peurs, mes lâchetés et maladresses, en statisticienne, directrice de maison d’édition, contrôleuse de gestion, en maman, facilitatrice d’événements de team building, constructrice de parc d’aventures, etc… En même temps qu’elle devait s’adapter aux nouvelles situations professionnelles et personnelles, elle a su développer une résilience hors du commun et surtout rester fidèle à elle-même tout en changeant continuellement.
Comment est-ce qu’un tel paradoxe est possible ? C’est parce que c’est un paradoxe uniquement sur le papier : Cristina a réussi à faire évoluer son système philosophique, son regard sur le monde et sur les autres tout en menant une analyse constante et très précise de ses ressentis, des possibilités et des potentialités de ce qui se passe autour d’elle. En dehors de toute tradition ou système de pensée en vogue, elle a su développer en elle-même et par elle-même une vision, une pensée, une véritable « philosophie » qu’elle a patiemment mises à l’épreuve de la vie et qui font qu’aujourd’hui elle ait pu réaliser beaucoup de ses rêves et que – comme « dégât collatéral » – je sois un des hommes les plus heureux du monde et que je ne cesse de me dire que le « oui » prononcé le 15 mai 1993 fut la MEILLEURE décision de ma vie.
J’ai eu très tôt la conviction profonde que Cristina ne pouvait pas appartenir « qu’à moi ». J’ai eu du mal à décoder ce sentiment un peu inexplicable : je pensais qu’elle devait faire de la politique pour aider son pays d’origine, ou accéder à de hautes fonctions qui lui permettraient d’influer positivement les choses. C’était une ambition mal placée, une erreur fondamentale, une méconnaissance de ce qui anime cette femme et qui est – fondamentalement et simplement – la « bonté », la gentillesse. Et pas forcément l’altruisme dans le sens de faire quelques fois le bonheur des autres (aux « masses ») sans qu’ils le demandent vraiment. Je me trompais jusqu’à ce que je comprenne au bout de nombreuses années qu’elle pouvait aider les gens (individuellement et personnellement) au mieux en mettant par écrit ses idées, ses expériences, sa vision de la vie et des relations interpersonnelles. Ainsi, celles et ceux qui voulaient trouver des réponses pourraient facilement y accéder s’ils le veulent.
Cet ouvrage court est cependant un travail de titan car elle a dû faire un effort de concision, ciseler ses phrases et ses exemples, poser des questions pour aider ses lecteurs et lectrices. J’y ai appris personnellement des choses qui m’étaient consciemment inconnues et ai pu redécouvrir la simplicité et la clarté de ses « enseignements ».
Alors voilà, on peut considérer que ces quelques lignes sont celles d’un amoureux transi aveuglé par l’admiration. Considérez simplement que j’ai quarante-et-un an, que je suis le premier à critiquer – parfois durement – le travail de Cristina, et que j’ai forgé mon amour et mon admiration pour elle sur des faits qui désormais s’étalent sur un quart de siècle. Alors je n’ai pas peur de dire que ce bouquin peut changer votre vision sur la construction d’une relation d’amour ou d’amitié : vous verrez que votre cerveau, votre rationalité et votre esprit d’analyse une fois correctement entraînés vous permettront d’avoir une relation « saine et durable ».
Vous pourrez trouver ce livre ici. Bonne lecture !